vendredi 31 juillet 2009

MA CORRESPONDANCE AVEC ANNE-CHARLOTTE (7)

Quatrième E-MAIL d'Anne-Charlotte,
le 16 janvier 2006, vers 12h.

Chère Mauricette,

Je me demande quels étaient vos rêves et ce que vous avez accompli entre 17 et 60 ans. Avez-vous déjà ressenti quelque chose de fou pour une personne ? Quand vous êtes allée à Londres, était-ce pour apprendre la langue ou parce que vous étiez tombée amoureuse ? Comme je vous l’ai dit, j’ai une petite soeur. Elle a 8 ans, presque dix ans d’écart et déjà, je l’envie d’être plus jeune que moi. Si c’était à refaire, j’aurais choisi une autre école et j’aurais fait de la danse. Maintenant, quand je lève la jambe, ça me tire tellement dans les muscles que je sais que je ne serai jamais danseuse. L’autre jour le prof de philo a raconté cette histoire : « Il était une fois un jeune homme qui menait la grande vie. Il avait beaucoup d’argent, il réussissait tout ce qu’il entreprenait. Un jour, il décida d’acheter une Ferrari rouge. Il roulait à toute vitesse sur les chemins de campagne. Il aimait les femmes et claquant des doigts, il avait le choix, aucune ne lui résistait. Un jour, avec sa Ferrari rouge, il s’arrêta dans une station essence. La pompiste était jolie. Quand il sortit sa carte American express, qu’il tapa son code, il fut satisfait. Il croyait que la jolie jeune femme succombait à son charme. A son insu, c’est lui qui se vit tout entier dans ses yeux bleus d’opaline. Les battements de son coeur s’accélérèrent. La jeune femme lui tendait le ticket de caisse. Il se surprit à trembler. Il comprit que la pompiste lui plaisait plus qu’il n’y songeait et voulut lui proposer de boire un verre. Elle refusa. Il insista. Mais elle lui tint tête. Il en fut troublé. C’était la première fois qu’on lui disait non. Pour la première fois, quelque chose en lui – une certitude que la vie devrait être comme il pensait, s’effondra. Devant la jolie femme, il éclata en sanglots comme un bébé. Celle-ci lui rit au nez et le tança :"L’amour ne s’achète pas. Avant de sortir ta carte bancaire, tu ferais mieux de connaître ton coeur." » Le Prof arrêta ici son histoire et nous demanda quelle en était la morale. J’ai levé mon doigt et me suis exprimée ainsi : « La semaine dernière, on a étudié Socrate qui disait connais-toi toi-même... La connaissance du coeur est peut-être le début du chemin... » Le Professeur m’a félicitée. Moi, je n’avais pas l’impression que c’était moi qui avais parlé mais quelque chose en moi de plus grand que moi... Aujourd’hui, je me demande ce qu’est la connaissance du coeur. Est-ce lorsqu’on est amoureux ? C’est pour ça que je vous pose toutes ces questions. Vous avez le privilège de l’âge.
Merci Mauricette,
Votre Anne-Charlotte.

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