jeudi 2 juillet 2009

MA CORRESPONDANCE AVEC ANNE-CHARLOTTE (1)

Mes bon(ne)s ami(e)s de l'internet(te), vous êtes dans le souvenir de mon ancienne blogue avant ma chute et sa destruction inconsidérée dans la maladie qui me saisit. On me le raconta. Dans les archives de ma clé, j'ai trouvé toute la correspondance de lettres que j'échangeai avec la jeune amie Anne-Charlotte qui me toucha beaucoup dans sa juvénilité d'enthousiasme. Elle me donne volontiers son accord de la publication sur les deux étoiles et le point. C'est un monde. Je pratiquerai en plusieurs fois cette correspondance qui s'échelonne seulement sur les mois d'hiver 2006 en janvier et février de cette année-là. Aujourd'hui dans l'historique, voici le premier message électronique. Or donc se fit attendre ma réponse mais dans ce temps, j'en vins à publier les 5 choses peu connues de ma vie antérieure et il se trouva l'occasion d'un échange avec Anne-Charlotte dans les commentaires qui les suivirent. Pour la vérité et qu'on ne reste pas confus de ma publication, je laisse à vos yeux tous les commentaires des ami(e)s lié(e)s de cette époque.


Anne-Charlotte
Premier E-MAIL, le 11 janvier 2006, 16h23.
Chère Madame Beaussart,
Quand je vois votre photo, je rêve de devenir votre amie. Vous ressemblez à ma grand-mère mais en version sympathique. Ma grand-mère, je ne l’aime pas. Vous, j’ai envie de vous aimer. Vous avez intégré l’informatique dans votre quotidien. Vous êtes une blogueuse. Vous n’êtes pas comme tous ces vieux comme ma grand-mère, qui auraient dû mourir pendant la canicule, encore plus nombreux, et qui se plaignent toujours du progrès. Vous êtes une vieille de votre temps comme je suis jeune et toujours un peu rêveuse.
Je vous invite à visiter mon blog : http://anne-charlotte-v.canalblog.com
Vous comprendrez mieux ce que je veux vous dire.


Mauricette Beaussart
Extrait de son blog le 11 janvier 2006
On m'a invitée à participer à une chaîne de jeu et je vais donc participer en relatant cinq choses peu connues à mon sujet.
CINQ CHOSES PEU CONNUES A MON SUJET
1ère chose peu connue à mon sujet : Toute petite, je fus obligée d’aller passer quelques jours enfermée à l’Hôpital Calmette de Lille pour subir (les docteurs disent"bénéficier") une bronchoscopie parce que j’avais du mal à respirer et que mes poumons faisaient un bruit de jeune âne qui brait dans une pâture. Maman était inquiète et le docteur aussi parce qu’on ne voyait rien à la radio. Aujourd’hui, c’est à la télévision qu’on ne voit rien, tout simplement parce que la radio c’est pour les oreilles mais moi c’était les bronches. Je suis allée à Lille avec Maman dans un voyage à partir d'Haverskerque sur l’autobus Citroën. C’était un autobus de ligne régulière qui faisait beaucoup de bruit et dont le tuyau de l’échappement sentait très bon. Nous fûmes bien secouées dans les sièges mais je me tenais à une barre chromée en faisant attention de ne pas me claquer les dents de devant sur la barre. Ceci dit, les sièges étaient veloutés de marron et doux à mon derrière.

2ème chose peu connue à mon sujet : Dans l’hôpital Calmette, j’ai dormi deux ou trois nuits dans un dortoir avec d’autres filles malades qui n’avaient pas l’air malade. Vers le soir, quand la patronne en blanc du dortoir était partie derrière la porte après avoir soufflé la lumière, tout un groupe de filles avec à leur tête une commandante qui s’appelait Alfréda s’est relevée avec des lampes de poche à pile Wonder autour de mon lit. Elles m’ont dit : "Mauricette, viens avec nous ! ". Je les ai suivies hors du dortoir dans le couloir où se trouvaient les armoires de nos affaires. Quand j’y réfléchis aujourd’hui, je me dis que cette chose à mon sujet je ne la connais peut-être pas bien moi-même parce que je trouve bizarre que les armoires n’étaient pas dans le dortoir mais sans doute que les architectes de ce temps-là n’étaient pas aussi intelligents que ceux d’aujourd’hui qui construisent les beaux monuments comme à Euralille ou à Georges Pompidou. Avec les filles dans le couloir, on était une dizaine. Elles volaient et mangeaient les biscuits et le chocolat Delespaul-Havez dans les armoires des petites qui dormaient paisiblement dans la tranquillité de leurs draps blancs amidonnés. Je les regardais mal agir. Je n’ai pas voulu manger le carré de chocolat qu’Alfréda me tendait de sa main. C’était la première fois que je voyais quelqu’un en vrai commettre un péché. Plus tard de ma vie, je suis retournée dans un autre hôpital pour la tête parce que c'était moi la pécheresse.

3ème chose peu connue à mon sujet : Une autre chose qui n’est pas très connue à mon sujet, c’est que mon dentier du haut (ne doit-on pas dire"prothèse dentaire supérieure ?") me fait un peu mal, se frotte à la muqueuse de l’os et ainsi, je ne peux plus manger des figues alors que j’aime beaucoup ces fruits semblables à des petits animaux séchés écrasés par une roue de bicyclette, mais les petits grains de figues se glissent subrepticement entre mon palais et le plancher de mon dentier ; ce qui fait qu’à l’intérieur de ma bouche, je ressemble à la princesse au petit pois.

4ème chose peu connue à mon sujet : En 1977, j’ai vécu pendant six mois à Londres. J’avais une chambre dans le quartier de Hackney et je travaillais comme habilleuse et maquilleuse pour la chanteuse Siouxsie Sioux. C’était moi qui lui faisais son make-up maison juste avant qu’elle entre dans la scène. Evidemment je pourrais ici dire beaucoup de choses peu connues sur cette activité et les confidences que je recevais mais je ne suis pas du genre à étaler ma vie comme de la confiture de rhubarbe sur la tartine d’un blog. Bref, j’ajouterai seulement que c’était aussi moi qui fabriquais des échelles assez grandes pour les bas et les collants de Siouxsie et de ses copines comme Ari Up et Palmolive. Je faisais ça avec une grande habileté parce que j’avais des ongles très abîmés.

5ème chose peu connue à mon sujet : Avant que les savants n’inventent la pilule anticonceptionnelle, il m’est arrivé de tuer des petits chats à leur naissance. J’ai aussi tué des poules, des poulets, des lapins et un canard. C’était il y a bien longtemps. Aujourd’hui il m’arrive seulement d’aplatir de temps à autre avec une tapette en plastique quelques moustiques sur le papier peint des murs de ma chambre. C’est ma façon à moi de faire de l’art moderne.

Le jeu me permet d'inviter cinq nouveaux enchaînés et je choisis : Beouf le boeuf, Isidore Juskamidi, Le patron du Café du Commerce, Jean d'Artois et mon amie Cécile Petit Pois.

COMMENTAIRES
Amel a dit...
Chère Mauricette, en aplatissant mon pinceau sur le papier, votre portrait m'est apparu...
Amitié, Amel
11/1/06 15:58

Mauricette Beaussart a dit...
Chère Amel, vous êtes mon William Blake personnel. Mille mercis. Je me sens toute rajeunie. Je suis sûre de passer l'hiver.
11/1/06 16:55

Anne-Charlotte a dit...
Madame Beaussart,
Si je vous dis que j’ai mangé en cachette les chocolats du calendrier de l’Avent de ma petite soeur, pour vous, c’est commettre un péché ?
Si je vous dis que ma petite soeur est un peu grosse et les manger à sa place, c’est lui rendre service, est-ce encore un péché ?
Si je vous dis que ma petite soeur n’aime pas les chocolats et que personne ne les aurait mangés si je n’avais pas laissé traîner une main espiègle près de son calendrier, ai-je péché ?
Et si je me régale, si j’en redemande, suis-je une pécheresse ?
Madame Beaussart,
Vous dites faire de l’art moderne en tuant des mouches avec une tapette, ça fait des traces sur le papier peint. Est-ce que je suis une artiste si je crache sur ma copie et que l’encre de mon stylo-plume bave ? Et si je tuais mes parents, ça m’arrive parfois de le penser, je pourrais sortir le samedi soir ? Au lycée, on nous parle toujours du préservatif, pas de la pilule qui empêcherait les imbéciles de se reproduire. Moi, j’aimerais bien qu’on discute ensemble. Je vous envoie un MP.
11/1/06 16:59

Mauricette Beaussart a dit...
Ma chère Anne-Charlotte, je vous remercie de votre visite et de ce commentaire multi-interrogatif. J’ai déjà derrière moi une vie longue comme un jour sans foin, pourtant c’est la première fois qu’on me sollicite comme une directrice de conscience. J’en accepte l’augure et je vous déclare tout de go que de nos jours il n’y a plus rien de très grave à commettre des péchés. On ne vous hospitalisera plus du mental pour cette unique raison et bien au contraire, cela donne un sentiment d’appartenance à l’humanité et rend la vie moins monotone. Tout le monde ne peut pas être stylite ou papa dans le désert. D’ailleurs, pensez-y, quand on est perché au sommet d’une colonne, il est quand même plus facile de dissimuler un carré, voire deux carrés de chocolat qu’un avant de boeuf, un sac de pommes de terre ou un gigot de mouton. Alors ne vous tracassez pas ! Allez en paix et demeurez une gentille pécheresse à problèmes.
Pour ce qui est de l’art moderne (à ne pas confondre avec le gras de boeuf ou le style nouille), je me permets, chère Anne-Charlotte, de vous faire remarquer que je n’utilise pas des mouches comme ingrédients (les mouches ne contiennent qu’une matière blanchâtre vaguement colloïdale et assez répugnante), non, j’utilise des moustiques, car les moustiques, voyez-vous, contiennent chacun une petite quantité de bon sang rouge qu’ils ont subrepticement pompé à un être humain. Hé oui, ces moustiques sont des pécheurs ! Je trouve que les petites éclaboussures rouges entourées de la transparence des ailes et des petites pattes noires sont du plus bel effet graphique et coloré sur le papier peint à dominante vert pomme de ma chambre à coucher. Never mind the Pollock !
Si vous envisagez de tuer vos parents, utilisez de préférence à la tapette, une arme plus efficace, une pelle à charbon ou un marteau par exemple. C’est comme la pilule, il ne sert à rien de la mettre au fond d’un préservatif. Pour ma chatte, c’était effectivement la meilleure solution. Avez-vous jamais essayé d’enfiler un préservatif à un matou en rut, griffant, bavant et pissant de rage à l’instar d’une créature du regretté Georges Bataille ? Inutile de répondre à cette question, c’est juste un exemple. J’attends sans anxiété mais avec impatience l’email annoncé et vous salue avec ma sincérité.
Votre Mauricette.
11/1/06 17:18

beouf le boeuf a dit...
Je vous trouve un peu sévère, Mauricette, avec Anne-Charlotte. J'ai toujours cru que les préservatifs se mettaient sur les nuggets et les pillules sur les muffins. God shave the queen et after mind the Bourliouk ! (Mince, j'ai honte.)
11/1/05 21:54

FB a dit...
on s'incline respectueusement, en regrettant que ce soit pas une course aux handicaps, et qu'au bénéfice de l'âge"étoile point étoile"nous en aurait mis 12 et pas 5 (d'étoiles...)
demander à Siouxsie de participer ?
11/1/06 21:55

C.C. a dit...
Ces confidences, qui viennent s'ajouter aux deux ou trois choses que nous savions de vous, ne manqueront pas de toucher vos amis inconnus. C'est beau comme du Luc Dietrich — on peut aussi considérer que ce dernier s'est rendu coupable de plagiat par anticipation.
12/1/06 09:51

Berlol a dit...
Et pourquoi seulement six mois avec Siouxsie ? C'est dommage, non ?
13/1/06 10:18

Mauricette Beaussart a dit...
Monsieur Berlol, je suis flattée que vous veniez de l'extrême orient lointain me rendre visite et je vous autorise volontiers à reproduire les choses de moi qui commencent à être très connues.
Vous n'êtes pas le premier à m'interroger par questionnement sur le séjour que je fis à Londres dans l'époque du punkisme naissant. Je n'ai pour l'instant pas de temps long à consacrer à une réponse parce que je suis très occupée à me débrouiller dans les harcèlements de l'administration étatique de sécurité mentale de la société, aussi pour faire brève je dirai : seulement six mois avec Siouxsie à cause de l'allitération, me réservant de donner un compte-rendu de mon séjour londonien plus tard et dans un autre lieu que la page des commentaires des visiteurs. Je vous souhaite un bon soleil levant.
16/1/06 09:54

Mauricette Beaussart a dit...
Cher Beouf, cette salopette vous enveloppe comme un gant (je n'ai pas osé écrire"préservatif").
Monsieur Bon, je suis honorée de votre visite. Malheureusement je n'ai plus l'adresse de Siouxsie. Il ne nous reste qu'à espérer qu'elle revienne sur ses traces en pétaradant sur sa mobylette de recherche...
16/1/06 15:08
La prochaine fois dont j'ignore encore la date, je publierai le second Email d'Anne-Charlotte qui lui donne le nom de MP et nous apprendrons aussi les 5 choses peu connues à son sujet qui furent sur son blog lui ayant disparu sans rémission.
à suivre...

5 commentaires:

beouf le boeuf a dit…

Chère Mauricette,
que vous ayez tué, dans votre prime et verte jeunesse quelques chatons, je le conçois (j'ai moi-même un chat à la maison, et sachez que tous les jours à 5h35 pile, je n'ai qu'une envie : le faire voler par la fenêtre...), idem pour les poules, les poulets et les lapins, qui, ne serait-ce que ceux de mon voisin, mériteraient le même sort ; mais les moucches ? Les mouches enfin ? Que vous ont-elles fait pour mériter un tel sort ovationnel ? J'ai le souvenir de l'une d'elle, sur la quatrième de couverture de mon Ulysse de Joyce, très pollokienne en effet...
Moi-même, en 1972, le 27 octobre même, si ma mémoire est bonne, j'ai tué un boeuf, à l'ancienne, avec la complicité de ma brêle 103, au détour d'un virage, paix à son âme.

beouf le boeuf a dit…

Ou plutôt que de la simple tapette traditionnelle, utilizez, pour leur mémoire, l'ouvrage éponyme de Sartre,
elles apprécieront.

Jeff a dit…

Mauricette,

Je ne reviens pas de votre vie antérieure, quand je dis votre vie, je dois dire plusieurs qu'elles ont été, et l'une par dessus l'autre nous emmène jusqu'à aujourd'hui.

Tout ceci, en soi, n'est pas aussi grave que la mort du Jackson Five, le plus connu des cinq comme les doigts de la main. Mais il n'empêche qu'il y a de l'utilité dans tout ce que vous dites. J'ai acquis une tapette jaune avec une fleur de tournesol, pour cacher la destination de l'objet, I presume, qui va, dès ce soir, servir à faire, moi aussi un peu d'art moderne sur mes tapisseries.

Votre utilité sur la contraception ainsi évoquée me donne aussi envie de faire l'amour ce soir, avec toutes vos garanties. Il me sera l'occasion de vous en parler dans un autre message.

Dormez bien Mauricette, et n'oubliez pas d'arroser, ce matin, mes hortensias avaient la feuille basse et la fleur flêtrie.

J'ai mis de l'eau au pied,est-ce que j'ai bien fait.

Avec mon amitié qui tient partout.

Mauricette Beaussart a dit…

Cher Beouf
Je sais bien que suis-je loin de la fine mouche que d'aucunes aucuns pensent en m'apercevant. J'ai expérimenté les boules rouges comme les pendules au bout d'un fil, les buvards de même couleur dans les assiettes à dessert avec de l'eau du robinet, et aussi les tortillons collants de goudron de papier jaune descendant du plafond dans mon chignon. Mais rien ne vaut la tapette qu'elle en soit sous la forme du torchon ou du magazine de prospectus roulé en tuyau ou même de la serviette de table assénée avec violence. C'est ma gymnastique. Je suis maintenant tropagée pour courir dans la boue et les fientes après les poules ou les bouses de vache et boeuf. Et je n'ai pas d'automobile à ma disposition pour chasser sur les routes départementales. J'ai recherché dans les archives la date du 27 octobre 1972 c'était l'inauguration du film César et Rosalie, sont-ce les aventures d'un couple issu d'un troupeau ?
Je vous laisse maintenant car j'entends bourdonner à la porte, sans doute la mouche de Monsieur Kronemberg...

Mauricette Beaussart a dit…

Cher Jeff, je suis contente et touchée de votre visite ici même. De vos confidences. Je dors bien et n'ai point besoin d'arroser car ici à Deûlémont la pluie n'est jamais bien loin et la météo est souvent basse. Pour ce qui est de la contraception, je pense que vous ferez votre profiterole de l'Email d'Anne-Charlotte de ce jour. Quant à la tapette en tournesol, j'ai peur qu'il faille vous méfier des taches de gras éventuellement sur les nappes de lin blanc sous l'écrasure des mouches difficiles à nettoyer même avec l'eau écarlate.
Je vous envoie mes bonnes pensées.