vendredi 10 juillet 2009

MA CORRESPONDANCE AVEC ANNE-CHARLOTTE (4)

J'abandonne l'idée de nettoyer mon plafond par le rayonnement de ma fiixité oculaire. C'est juste une autre façon d'assurer un torticolis express. Alors voici ma première vraie lettre à la jeune dix-septenaire de Vermeil en janvier 2006. (M.B.)

Ma chère Anne-Charlotte,
Quelle avalanche ! Quelle énergie ! Un blog, des commentaires, deux emails !

J’admire votre fougue juvénile. J’ai commencé par visiter votre blog. Une visite rapide puisque vous êtes au bal des débutantes. Rapide mais instructive. Dès l’abord, cinq révélations ! Il est curieux de voir comme cette chaîne pyramidale s’est développée venant d’horizons virtuels différents puis s’éloignant dans d’autres espaces de l’internet.

Je vous réponds ici un peu à veau l’eau (la faute est intentionnelle puisque j’ai entrepris dernièrement la tache pharaonique d’élever un monument littéraire au veau dans la littérature mondiale). Personne ne choisit son nom, il est vrai. Ainsi au lieu de Mauricette Beaussart, j’aurais pu m’appeler Maurice Boissard ou Borissette Beaux-Arts. Vous portez un patronyme merveilleux et je le dis sans flagornerie ni contrepèterie. Anne-Charlotte de Vermeil. La Charlotte est avec la Pompadour une des meilleures races de pommes de terre que je connaisse et elles sont loin de la fin, elles continueront à germer et à accumuler de l’amidon. Anne fut chantée par Francis Jammes et par sa sœur. Quand à Vermeil, c’est un nom qui figure sur toutes les cartes. Soyez fière de votre nom et de vos origines. L’Auvergne est le cœur de notre beau pays dans sa profondeur et sa hauteur. C’est aussi le château d’eau de vie de la France.

Vous avez le courage d’aborder le thème des amours adolescentes et je vous dis « N’ayez pas peur ! », les princes charmants ne sont pas tous de grands demeurés. L’important est qu’ils soient propres sur eux et à l’intérieur. Il faut être hygiénique et sérieux quand on a dix-sept ans. Quant à vos amies qui ne parlent que de poils superflus, ne vous sentez pas obligée de les caresser dans le bon sens et gardez votre intégrité capillaire. On parle de réchauffement planétaire mais les choses peuvent changer.

J’accepte volontiers votre amitié même si à l’origine elle se fonde sur un sentiment photographique. Vous savez, cette photo ne me rend pas tout à fait justice. Depuis qu’elle a été prise, j’ai un peu changé. J’ai remplacé mon casque d’écoute par une clé usb reliée à des petites oreillettes et je porte des lunettes. Nous voilà un point commun ! Ceci dit, je laisse cette photo sur ma page d’accueil parce que j’ai oublié la façon dont on peut la changer et puis mes visiteurs y sont habitués.

Au moment de la canicule, je dois dire que j’ai jubilé. Je passais mes journées dans la fraîcheur de l’ancienne cave à légumes en écoutant les bilans de la radio nationale. Je sortais uniquement la nuit pour regarder les étoiles et m’allonger dans la fine rosée qui descendait sur la pelouse jaunissante et pelée. Je pensais à toutes ces vieilles personnes qui allumaient des nouvelles étoiles dans le grand ciel de l’univers divin et je me disais que l’argent dépensé pour les retraites serait plus abondant pour les survivants...

Si je résume un peu ce que je sais de vous après ces quelques jours, vous volez du chocolat, vous trichez en mathématique, vous souhaitez la mort de vos parents et de votre grand-mère et vous aboyez comme un chien. Sous un aspect de petite jeune fille aux plumes d’oie blanche, vous cachez une détermination solide, une opiniâtreté bouleversante et un cœur de lion. En revanche quand vous parlez de pilule et de préservatif, je pense que vous vous moquez de moi. Consultez donc les pages de votre google en tapant « chaussette en caoutchouc » ou bien « prise de la pastille ». Bref je ne suis pas une diseuse de bonne ou de mauvaise aventure. J’accepte votre amitié et une petite praline de temps en temps mais personne ne doit compter sur moi pour indiquer l’heure ou la route. Je suis trop occupée à vivre mon passé futur et mon futur passé aujourd’hui et maintenant.

Encore une chose. Jackson Pollock peignait la plupart du temps sur une surface horizontale. Il utilisait des paniers percés pour faire couler la peinture sur la toile. Aussi, le mieux pour vos parents n’est sans doute pas de les coller au mur (je sais que cela s’est beaucoup fait) mais plutôt de les allonger dans l’herbe. Il a beaucoup plu depuis la canicule terminée. De nouveau, les prairies sont grasses et verdoyantes. Les troupeaux paissent et nous les surveillons d’un œil bleu et las.

Votre Mauricette.

5 commentaires:

Jeff a dit…

Le jour où Jackson Pollock a arrêté de picoler, Anne-Charlotte n'était pas née.

Et peut-être que c'est pour ça que Bouddha est grand et file vers l'invisible secret qui unit Mauricette et Anne-Charlotte!

You're simply the best! Best One, but
who's one. Be two and too much!

Jeff

HK/LR a dit…

Jeff ! t'es qu'un lourdaud !
Ich bein Anne Charlotte et je suis immortelle ! (comme un rêve de bière )(Chimay bleue de préférence)

(ah !!! nul ne le croira ! Mauricette , toi , si , peut être, et encore !
"les caractères qui apparaissent dans l'image" et que je dois "entrer"
sont : (je le jure)

child !

Mauricette Beaussart a dit…

Mes bons amis d'ici, je suis aise d'avoir eu dans ma cervelle l'dée de publier comme grand feuille-thon de l'été avec la juvénile Anne-Charlotte notre échange de lettres en correspondance terme à terme de l'hiver 2006 avant ma rechute de moral.
Tout cela nous procurera un bain de fraîcheur neuronale toujours valide en ces temps de sécheresse après les orages de fin de journée. Je dois m'absenter pour quelques journées et je préfère ne pas morigéner dans les disputes.

Jeff a dit…

Après de mûres réflexions et des flexions de mon unijambe, je n'aime pas être lourdaud, surtout avec un point d'exclamation.

Je vais donc me retorer de votre réthorique trop intelligente pour moi-même et mes semblables.

Il sera dit que HK/LR m'a tuer, ainsi qu'on l'écrit désormais.

Ich bein nicht, aber ich bin ein Berline avec des clignotants des deux côtés, une radio sur moyennes ondes, et j'aime aussi la Chimay...

Ben tant pis

Mauricette Beaussart a dit…

Mon très cher Jeff, ne soyez point dans l'amertume. Car dans la concomitance, cela me trempe dans l'affliction. Vous êtes une preuve de sensibilité et je vous ressuscite du feu des deux étoiles et de la stabilité du point.
Dans la communauté des bulles remontant du fond du verre, je lis un avenir d'ivresses diverses.