jeudi 24 septembre 2009

LA MORT INSTANTANEE

La mort instantanée est-elle un peignoir pour l'été ? un kimono avec ceinture à nouer livré avec le mini-slip assorti ?
Pour ma part, je suis persuadée qu'il vaut mieux passer la wassingue que jeter l'éponge. Le ballottement du fessier laboureur, c'est comme tatouer le trou sombre des pupilles d'un clip subliminal. Juste avant, je me sens la tête anisée comme si j'avais bu un verre de pastis pareil à l'apéritif de la jeunesse quand j'étais assise à la place de la morte. J'imagine : brutalement, un bras qui jaillit à travers le pare-brise securit pour se nicher dans l'ombre rase entre deux rotondités géologiques. Les roues qui mâchent le macadam rutilant. Le sang qui séche au ralenti le long du bras.
Je ne vais pas m'étaler sous le sujet, ni me tendre au flou du tronc et du membre.
Une chose m'apparaît claire dans la brume de l'automne commençant : la volonté dernière du défunt est qu'on la respecte.

3 commentaires:

L'affabulette a dit…

Vous savez sans doute mieux que moi, chère Mauricette,que
La mort est toujours instantanée. L'agonie n'a rien à faire là, elle reste radicalement étrangère à cet "acte" qui ne nous appartient pas qu'est mourir. Elle l'est probablement à un point que nous n'imaginons pas. Désormais, je crois que tout ce que nous savons sur les "mystères de la photographie", l'instantané donc, ne peut pas s'aligner et ne saurait rivaliser avec.
Ce "passage" qui, excusez-moi du peu, vous transforme tout soudainement en chose (en objet minéral en fait) doit, je le crois, durer beaucoup moins : un ou deux milliardième de seconde peut-être ; le saurons-nous jamais ?
Pour l'avoir "vu faire" il y a peu, j'en reste stupéfaite, toute retournée. Mais c'est sans rancune avec la Camarde ni avec la vie. Je veux juste dire que ça donne à penser... N'ayons pas trop peur car la mort n'est qu'un instantané nano électronique, infiniment bref : bref de chez très bref.
Amicalement.
P.S. - Dans un vieil article consacré à la photographie, "Fantasme des vivants et des morts", Marta Braun ouvre son intervention sur cette phrase : "Le rôle que nous attribuons à la photographie est une expression de l'antique croyance selon laquelle le réel se réduit au visible." (In Études photographiques/novembre 1996)

Mauricette Beaussart a dit…

Chère Martine, merci pour ces réflexions d'un niveau très élevé sur l'échelle thanatologique. En fin de compte à rebours, l'âme se sépare du corps beaucoup plus rapidement que la peau du lapin.
Je serais heureuse de faire la connaissance de Marta Braun pour papoter avec elle de la différence entre le réel et le visible.

L'affabulette a dit…

C'est là. Même le 1er numéro est en ligne, avec - donc, surprise - ce "vieil" article de 1996 ! (sur le papier jauni, ça faisait une bonne quinzaine de pages assez denses écrit petit) :

http://etudesphotographiques.revues.org/index100.html
Sur Marta Braun :
http://cri.histart.umontreal.ca/cri/fr/cdoc/fiche_personne.asp?id=12340

Amicalement.
Martine
P.S. - Je me demande bien comment j'en viens à vous parler de photographie, Mauricette. C'est votre mot-titre, "instantané", qui a tout déclenché dans mon esprit. Et comme je tiens la photographie pour un "art de la mise à mort", un art "tauromachique" en quelque sorte...