mardi 3 novembre 2009

LA CITE DES FOUS

Ce Bompard, halluciné comme une « bourrique », selon l’expression consacrée, et qu’on ne levait presque jamais, laissait souvent échapper dans ses déjections de gueule (le qualificatif est, je crois, de Vollard, mais il n’en est pas moins juste), les mots de « tête de veau, biribi, les travaux, l’arbi, le gourdin du chaouch, dofer le bicot », etc., etc., toutes expressions qui décèlent, sans aucun doute, un cru unique et les horreurs innommables d’Afrique. page 87
Un jour qu’il traulait par la cambrouse, alors qu’on avait toutes raisons de le croire à l’atelier – il avait 15 ans, et ce n’était pas, bien sûr, à l’école du buisson ou de la rue qu’il avait pu se préparer au joug patronal toujours si dur à l’apprentif – il ramassa une corde qui traînait au bord d’un champ, sans s’apercevoir, sur le moment, qu’il y avait une vache au bout (à cet âge, n’est-ce-pas ? on n’y voit souvent pas plus loin que son nez) ; mais je dis une vache avec son veau, ce qui, évidemment, compliquait un peu l’étourderie du jeune gars. page 124
Marc Stéphane. La cité des fous (Souvenirs de Sainte-Anne)
L’arbre vengeur, collection l’alambic, janvier 2008.

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